Je me suis questionnée à savoir si je devais vous partager ce que je viens de vivre à l’instant (comme vous pouvez voir, je ne me questionne pas trop longtemps) parce que c’est un geste de bonté que je viens de faire. Le principal dans tout cela n’est pas le geste de bonté mais ce que ça a produit chez moi, je vous raconte.
La semaine dernière, ma cousine Sylvie Côté, qui est directrice générale du Centre Louis-Jolliet, a mis sur Facebook ce post :
Encore cette année, l'activité annuelle des paniers de Noël bat son plein au centre Louis-Jolliet depuis vendredi dernier. Si vous voulez y participer et aider une famille d'un ou d'une élève, faites-moi signe. Je vous réserverai une boule de Noël destinée pour un élève inscrit, vous faites l'achat des vivres inscrits sur la liste, vous l'apportez au centre ou venez la porter chez moi avant le 12 décembre. Plutôt que de faire un don à quelqu'un que vous ne connaissez pas, vous saurez que vous aurez rendu un élève du centre Louis-Jolliet et sa famille heureux pour le temps des fêtes. Soyons généreux! Nous avons encore beaucoup d'élèves inscrits à cette activité très en demande! Les besoins sont grands! Aidons nos familles du centre !
Et j’ai demandé une boule, j’en ai même demandé une deuxième. Pourquoi pas ?
Dans les 2 boules, la demande était faite par des familles monoparentales avec un ou 2 enfants en bas âge. La consigne qui leur a été donnée est de demander un maximum de 6 items. Donc, 2 listes de 6 items et dans chacune des listes, des couches.
Y’a rien là, que je me suis dit, juste aller à l’épicerie comme je le fais toujours et ajouter ces items à ma liste, c’est pas compliqué !
Mais non, y’a pas rien là, y’a tellement pas rien là que je pleurais à la caisse et je pleure encore. De joie, mais aussi à penser à toutes ces personnes dans le besoin et j’ai l’occasion de contribuer à leur bonheur avec ce petit peu que je leur offre.
Je vous avoue sincèrement qu’à chaque Noël, j’allais acheter mes cadeaux le 24 décembre au matin, c’était pour moi la seule journée où il y avait le moins de monde et j’en courais un coup. Au moins ma liste était faite. Et c’était toute une corvée. En plus, j’achetais tous ceux que maman donnait et souvent ceux que des membres de ma famille donnaient à Justine ne sachant pas ce qu’elle désirait ou ce qui lui faisait et même parfois j’achetais ceux qu’on me donnait. ZE corvée !!! Et la magie là-dedans, elle était très loin.
Pourquoi je pleurais honnêtement ? Je pleurais aussi parce que je savais que je ferais plaisir à des gens que je ne connais pas et qui ne me connaîtront pas, je pleurais de penser à la lumière dans leurs yeux quand ils ouvriraient leur panier dans lequel j’ai glissé des surprises, mais je pleurais principalement sur moi.
Je peux dire que j’ai pas mal tout ce que je désire mais je n’ai plus mes proches que je peux gâter. Je cherchais exactement ce qui était sur leur liste, j’essayais de connaître leur goût, j’espérais que mes choix soient aussi les leurs et j’ai pris les plus gros contenants me disant, je leur donne une fois mais ça va valoir la peine.
Quand je suis arrivée aux couches, j’ai réalisé à quel point tout est cher et que ces petits, ils en prennent sûrement 3, 4 dans une journée, sinon plus, je ne m’en souviens plus. Et j’ai imaginé le budget que ces femmes devaient mettre juste pour cet item.
Tous ces achats m’ont fait revenir en arrière en pensant à tous ces beaux moments où j’achetais pour faire plaisir à mes proches, aux couches pour ma Justine et tous les moments heureux du temps que j’étais mère d’un bébé, du temps où j’avais à me soucier de quelqu’un d’autre, ils m’ont transportée dans le futur en pensant à ma Justine qui pense à avoir un petit bébé que je ne verrai pas souvent parce qu’elle demeure en France et m’ont obligée à faire face à mon présent en pensant que maintenant mon cœur m’appartenait à moi seule et que c’était bien lourd à porter. Il est très rare maintenant que j’arpente les magasins en pensant à quelqu’un d’autre qu’à moi.
Et c’est pour cela que je pleurais devant la caissière et que je pleure encore.
Toute notre vie, on cherche à arriver à la fin du mois, on trouve que c’est difficile d’élever notre enfant toute seule (je ne vivais pas dans la même maison que le père de ma fille même si on était mariés), on patauge, on cherche à leur procurer le maximum et quand on ne peut pas, de se satisfaire de ce qu’on a et d’apprendre à notre enfant à en faire autant.
Une fois que c’est terminé, qu’on a enfin passé au travers, qu’on est arrivé à cette retraite tant attendue, que nos enfants sont notre plus belle réussite, il ne reste que nous à qui faire plaisir mais t’as passé toute ta vie à assurer le bonheur des autres. Être au service de l’autre, en prendre soin. On a beau me dire, me répéter qu’il est temps que je pense à moi mais ce n’est pas suffisant et ce ne sera jamais suffisant.
Je viens de finir le livre Cœur de cristal de Frédéric Lenoir, c’est un conte pour petits et grands nous racontant l’histoire d’un prince né avec un cœur entouré de cristal qui l’empêche d’aimer, d’avoir des émotions, de souffrir et tout au long de cette lecture, je me disais que moi c’est à l’inverse, le cristal est à se former autour de mon cœur, à l'hiver de ma vie, pour m’éviter d’avoir de la peine, pour que la vie continue.
Et ces achats d’aujourd’hui ont fait une brèche dans le cristal et maintenant je veux le briser complètement. Je suis devenue Ambassadrice de bonheur avec Christine Michaud et Max Piccinini et j’ai bien l’intention d’être une vraie ambassadrice. Pour débuter, je vous partage le lien pour devenir aussi ambassadeur, ambassadrice http://operation-bonheur.com/
Je pars pour le Costa Rica à la fin du mois, je vais m’ouvrir à tout ce que je peux faire durant mon séjour là-bas et c’est certain que je trouverai de quoi occuper mon cœur de bonté, au service de l’autre. Il est essentiel que je finisse par lever mon derrière de devant mon ordinateur, que j’arrête de me dire que c’est plate de vivre toute seule, d’essayer d’apprivoiser cette solitude et de me regarder le nombril, d’essayer de panser mes plaies, de vivre mes deuils, pendant qu’il y a tant à faire dans ce bas-monde.
Merci Sylvie de m’avoir fait vivre ce moment de grâce, tu ne sais pas ce que tu faisais en postant ce message. Tu viens d’ouvrir un cœur qui était en train de s’éteindre tranquillement.
Joyeuses Fêtes !
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