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Costa Rica – suite mais pas la fin

Costa Rica – suite mais pas la fin

En tout premier, je tiens à m’excuser auprès des personnes inscrites à mon infolettre, je vous ai inondées de messages et j’en suis bien désolée. Comme je revenais sur Over-blog après deux ans d’absence et qu’ils avaient modifié considérablement la plate-forme, lorsque je publiais, rien n’indiquait que c’était fait et dans mon empressement, j’ai publié, j’ai publié, j’ai publié et cela autant de fois que vous avez reçu mon courriel. Ça ne s’affichait jamais sur FB et je me disais que rien ne fonctionnait. Mais non…

Maintenant que mes excuses sont faites, nous pouvons continuer le récit.

À la fin du premier récit, vous avez bien compris que ce n’était pas de crème solaire que j’avais à acheter contre les moustiques mais bien du chasse-moustiques. J’ai aussi acheté de la crème solaire bien entendu au cas où à moment donné, je pourrais aller m’étendre au soleil et profiter de cette lumière ardente que le Costa Rica m’offrait.

Donc, après le petite virée aux alentours, accompagnée de l’homme qui parle français et qui a eu le gentillesse de me venir en aide, je suis résolue, je ne resterai pas dans cet endroit.

Revenue à la maison, la voisine vient à ma rencontre et m’informe que son ami est taxi et me donne son numéro de téléphone.

Je mange un peu et je me résigne à me coucher. Arrivée dans la chambre, elle est glaciale à cause du climatiseur qui tire son air directement sur  le lit et aussi à cause du ventilateur au plafond juste au-dessus du lit qui est à max comme le climatiseur d’ailleurs. Je cherche à éteindre sinon les 2, au moins réduire l’air climatisé et fermer le ventilateur. Je tire sur les chainettes du ventilateur, rien ne se passe, je cherche la manette du climatiseur, ne trouve rien.

Il y a bien une autre chambre mais là, elle est comme un four. Il me faut choisir, l’enfer ou la froidure. Comme je suis déjà dans l’enfer, je préfère la froidure. J’ouvre donc le petit drap blanc très mince qui fait office de couverture et je m’étends. J’ai l’impression d’être  couchée sur une planche tellement le lit est dur.

Quelques minutes plus tard, je suis frigorifiée, le petit drap ne coupe pas le froid. Je me relève pour chercher d’autres couvertures, fais le tour des chambres, rien.

Il ne me reste que mon manteau. Je l’enfile et prends bien soin de mettre mon capuchon, j’ai le nez et les oreilles gelées. Mon manteau est court, je me bats pour essayer de me mettre les pieds à l’intérieur, sans succès. Je finis par m’endormir, les yeux roulant toujours dans l’eau.

Le lendemain matin, à mon réveil, soudainement, je me rappelle où je suis. Ah mon Dieu, le découragement me reprend. Je me sens prisonnière, sans ressource, j’aimerais que ce soit un cauchemar et que je vais me réveiller mais non, je viens de le faire, me réveiller. Mes pensées vont vers Mandela, j’ai l’impression de ressentir son désarroi, son impuissance. Il lui en a fallu du courage pour se réveiller à chaque matin, prisonnier, dans une minuscule cellule et cela pendant près de 28 longues années. Mandela était un battant, il n’a peut-être jamais senti ce désarroi étant toujours certain de remporter la bataille et je me lève, toujours dans mon manteau et je suis de plus en plus décidée à partir de là.

Je déjeune, j’appelle la compagnie aérienne pour savoir à quel moment de la journée je recevrais mes valises. Quelles valises ? Ils n’ont pas mes valises, elles sont restées à Toronto. Je les recevrai jeudi et nous sommes mardi le 23 décembre. Ça ne s’arrange pas. La dame m’informe qu’ils m’allouent un budget de 250$ US pour que je puisse m’acheter des vêtements.

J’appelle le taxi pour qu’il m’amène dans les magasins. Un chauffeur de taxi doit certainement parler anglais, ce sera plus simple.

Il ne parle qu’espagnol.

Je lui baragouine Amiga, Playa Flamingo, mercado. Dire que dans mes cours d’espagnol, j’ai déjà fait une phrase disant que je voulais aller magasiner mais là plus rien. Avant mon départ, j’ai pris des cours d’espagnol pendant quatre mois, deux fois semaine et c’est le néant. J’étais pas des plus douées (je crois que je n’avais pas à vous le mentionner) mais je pouvais dire l’essentiel mais je réalise que quand l’essentiel arrive, l’essentiel ne sort pas.

Faut que je vous dise qu’avant d’appeler le taxi, j’ai skyper avec ma fille qui demeure en France et qui doit venir me rejoindre dans quelques jours. Avec le décalage horaire, je n’ai pas pu la skyper avant. Une autre surprise m’attendait.

Ma Justine s’était cassé le bras juste avant mon départ, ils avaient dû l’opérer et j’espérais que tout se déroulait bien pour qu’ils puissent venir me rejoindre comme prévu. J’avais huit jours à attendre, je finirais par m’y faire. De toute façon, les choses se replaceraient. Ça pouvait pas continuer, mes valises arriveraient, au pire je profiterai de la piscine en les attendant et je pourrais même me louer une voiture. L’espoir me reprenait. En fin de compte, je resterais peut-être. Après tout, j’avais déjà payé pour les 43 jours, j’avais comme intérêt à m’y faire et j’avais invité Justine et son mari à venir me rejoindre.

Après lui avoir pleuré tout ce que j’avais à pleurer, elle me dit : Maman, j’ai une grande nouvelle, je te l’annonce à toi avant tout le monde…, je suis enceinte.

Je continue de pleurer mais de joie, je vais être mamie, fais attention à toi ma chérie, je t’aime. Profitant du fait que je lui dise de faire attention à elle, elle m’annonce qu’il est dangereux de faire des vols d’avion en haute altitude lors des premières semaines de grossesse, qu’il est dangereux qu’elle perde le bébé. Après un silence et un malaise évident, elle m’annonce qu’elle ne veut plus venir au Costa Rica. Qu’elle regrette. L’espoir vient de me quitter à nouveau. En fin de compte, c’est quoi de l’espoir ?

Je suis tiraillée entre le bonheur de devenir mamie et ma situation ici. Qu’est-ce que je fais maintenant ? 43 jours toute seule, j’ai beau penser à la piscine, ce n’est plus suffisant et me promener en voiture, toute seule, dans un endroit perdu où la peur me coupe toute envie d’être là. Je fais quoi? Je vois mon argent s’envoler mais là je suis certaine que je ne resterai pas, plus question.

Je pense à mon amie Christine qui vit à Samara, je la skype à son tour. Peut-être qu’elle a une chambre qu’elle peut me louer puisque c’est ce qu’elle fait, recevoir des touristes. D’ailleurs j’aurais dû m’en aller là, chez elle mais j’ai voulu faire à ma tête, avoir un endroit avec ma fille et son mari. Un endroit près des plages, avec air climatisé et tout près d’une école d’espagnol parce que je ne vous ai pas dit que je m’étais aussi inscrite pour les 3 dernières semaines à des cours d’espagnol « tout près » de la maison.  Et que j’avais fait un dépôt.

Mon amie Christine m’écoute, je pleure encore bien entendu. Elle est bien désolée, c’est le temps des Fêtes et elle n’a plus de chambre à louer. Il y a peut-être son cousin mais sa maison est dans les montagnes, loin de la ville et de la plage, elle m’envoie des photos, elles sont belles mais être toute seule dans la forêt ou toute seule dans la montagne, c’est toute seule. Je resterai donc ici jusqu’à ce que je trouve une autre solution et j’avais beaucoup à perdre. Christine essaie de me faire comprendre à quel point le fait de rester me ferait grandir mais là, plus question, je suis assez grande comme je suis.

Le taxi arrive. Ouf! Une vieille voiture presqu’en décomposition, j’embarque, qu’aurais-je pu faire d’autre? Il m’amène dans un village voisin, dans un magasin ressemblant à un Dollarama. Je lui fais comprendre en langage gestuel que ce n’est pas ce que je veux. On repart et là nous allons à Tamarindo. Bel endroit de villégiature, grouillant de monde et sur la plage. Il me laisse à un petit centre d’achats, je lui indique de m’attendre. Il comprend.

Je me suis trouvée un maillot, un ensemble short et blouse, sortie de plage et une robe. À la caisse, je tente de me faire comprendre et une jeune cliente reconnait mon accent. Elle me dit : « vous êtes québécoise? » Wow ! enfin quelqu’un à qui je peux parler que je me dis. « Vous demeurez où? » Playa Flamingo. « Ah mon Dieu, vous êtes dans un endroit perdu! » Je le sais et je n’aime pas ça. « J’ai mon beau-père qui possède des condos tout près d’ici et sur la plage, voulez-vous avoir ses coordonnées? Je crois qu’il en a un à louer. » Certainement!

Mais qui dit condo, dit gros prix. En tout cas, je ne perds rien en l’appelant.

Nous retournons à la maison. Je mange encore des toasts, quelques fruits et m’assoie sur le divan. J’essaie de lire mais je suis incapable de me concentrer. Je vais marcher un peu dans le complexe, il n’y a toujours pas âme qui vive parce que j’ai fini par comprendre qu’ici, je suis dans la seule maison qui est louée aux touristes, les autres sont louées à l’année et les gens soit ils travaillent ou s’en vont fêter Noel dans leur famille. Un beau Noel joyeux qui s’annonce pour moi. Je m’étais imaginée aller à la plage, aller au resto, rencontrer des touristes… Et même peut-être rencontrer l’âme sœur…

J’appelle le propriétaire des condos qui est aussi québécois, il a un condo à louer, me demande si je veux visiter.  Le prix est le double de la maison mais rendue ou j’en suis, j’accepte. Il m’attend demain matin vers 10 h. Je réserve le taxi.

À 19 h, je vais me coucher. Je suis épuisée et je réussis à m’endormir dans ma glacière toujours dans mon manteau me disant que le lendemain, c’est une nouvelle vie costaricaine qui m’attend. Mon cœur est rempli d’espoir.

Je veux encore vous ménager. Je continue demain.

 

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